Le Centre de Congrès a accueilli la première convention d'Epinal les 23, 24 et 25 juin dernier. Et ce ne sont pas les températures records du week-end qui ont découragé les aficionados du tatouage à découvrir le plateau concocté par les organisateurs de la convention. Une dream team qui a su mettre les petits plats dans les grands pour régaler avec son affiche internationale plus de 5.000 visiteurs venus parfois de loin.
Première impression en foulant les allées du Centre des Congrès : nul doute que la convention va être à la hauteur de ses ambitions. L’espace est vaste, la convention bien agencée, l’équipe et les bénévoles, sur les chapeaux de roue, sont aux petits soins avec les artistes, le tout dans une ambiance bon enfant. On en attendait pas moins des organisateurs, deux énergies complémentaires et loin d'être des inconnus sur la scène tattoo. Julien Thibers (Clockwork Needle, Epinal) s'est associé à Jean-Marc Bassand, le taulier de la Belfort Tattoo Family, une quinzaine d'évènements à son actif dont certains devenus des incontournables (Besançon, Lille Marseille...). Ce dernier explique ce qui a motivé cette association : "On a vu une recrudescence d'organisations diverses plus ou moins qualitatives, et c'est totalement légitime que Julien, qui a développé au fil des années une telle clientèle et une telle image du tattoo dans sa région, soit organisateur de sa convention sur Epinal." Le tatoueur vosgien dont la réputation a largement traversé les frontières développe : "Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les tatoueurs vont venir et pour lesquelles ça fonctionnera : soit en participant à une convention incontournable pour son book et sa carrière, soit il y a un attrait de la région. Les Vosges c'est pas une région où on vient d'office pour le tourisme, pour ça il faut motiver les gens par exemple avec un plateau qualitatif et un bon accueil. »
Le plateau et l'accueil, c'est ce qui semble être le nerf de la guerre de la convention d'Epinal. Julien Thibers s'est inspiré de son expérience des conventions à l'international : "Je voulais qu'on fasse une convention où j'aurai aimé être en tant qu'artiste, de mon expérience à l'étranger, il y a des bonnes idées un peu partout »
Les canadiens dont Alex Dupuis (Five Points, Trois-Rivières, QC) et Jay Marceau (Enlight, Québec) sont venus spécialement pour l'évènement et la présence inédite en France du crew des cinq tatoueurs slovaques de Wolftown Tattoo, des grecs de Tattooligans ou du roumain John Maxx ne passe pas inaperçue.
On évalue au premier tour de stands que le niveau est au-delà de nos attentes, et la partie hexagonale n’est pas en reste : AlixGe, Manu Durand, Diego Moraes, Matthieu Varga, Seven Echek, Teodor Milev. Un Best of Day récompensera dès le premier jour une collaboration d’Eliot Kohek et Michael Taguet.
Une des spécificités de la convention ? La part belle au réalisme. Si tous les styles s’affichent dans les books des 150 artistes présents et prennent vie sous leurs aiguilles, la prédominance est très nette. Le réseau acheminé derrière les stands par Julien Thibers, dont lui même fait office de référence dans le style, n’y est certainement pas pour rien. Une telle visibilité est fréquente dans les conventions étrangères mais reste plus anecdotique en France. Le réalisme traverse tranquillement les époques au fil des tendances, et en une petite décade une explosion technique et artistique, insufflée en grande partie par l’Europe de l’Est, laisse aujourd’hui de nombreuses traces un peu partout dans le monde. Qu’on ait des affinités avec le style ou pas, il demeure que la qualité du travail par des virtuoses du genre, dont certains ont pris place à Epinal ce week-end, est simplement bluffante aujourd’hui et ne cesse d’évoluer, là où on pensait encore il y a quelques années que le style avait atteint son paroxysme.
Côté animation, pas de quoi s'ennuyer : démonstration et exposition de l'artiste-peintre Sylvain Loisant, séminaire photo; le coeur des spectacles est rythmé par l'association Woodmen Skateboarding qui a relevé le défi de monter une rampe en 24 heures et qui permettra aux riders d'enchaîner des démonstrations de skate et BMX tout au long du week-end. Les planches de la scène se voient quant à elles malmenées par les shows enflammés des Performances Girls et par les riffs implacables de quatre formations généreuses sur la saturation, dont le hardcore mélodique des parisiens d’Ianwill.
La convention se clôture sur la vente des planches de Skate et de DC Shoes customisées par les artistes de la convention lors d'une vente aux enchères qui rapportera la coquette somme de 3.635 euros au profit de l'association Crins Blancs et sur les derniers contests. Un artiste référence qu’on a très peu l’habitude de voir en convention et dont le talent n’est plus à démontrer pose son mic drop en toute quiétude : le Best of show repartira dans les mains d’Henrik pour un chest réalisé en deux jours.
Si on peut dénoter une stabilisation, voire une décroissance de fréquentation dans les conventions de tatouage compte tenu de la quantité d'événements proposés en France, les organisateurs ont su allier les ingrédients indispensables à un succès annoncé. Sans fausse modestie, Jean-Marc s’en étonne peu : "Les conventions dont les fondations sont vraiment solides, qui existent depuis longtemps, où il y a une démarche et avec un noyau dur sont des conventions crédibles qui ne peuvent que marcher, ça fidélise le public et avec quelqu’un comme Julien qui engage son image et sa crédibilité, on ne pouvait que s’attendre à un succès sur cette première édition" Premier jeu validé, une seconde édition est d’ores et déjà annoncée pour 2018, enthousiasme et émulation des réseaux sociaux autour de ce premier évènement : un bel avenir semble promis à la convention spinalienne et l'imagerie d’Epinal a bénéficié d’une noblesse particulière ce week-end. wwww.epinal-tattoo-show.com Trad by Rames