Dr Notch, tatoueur à Marl en Allemagne, expose 165 artistes du monde entier à l’occasion d’une exposition hommage à la légende du rock anglais, l’ancien chanteur du groupe de rock anglais Motörhead: Lemmy.
Quel retour as-tu eu pour cette idée d’une exposition à Lemmy ?
J’ai reçu 180 propositions de la part de 165 artistes, provenant de : France, Italie, Roumanie, Espagne, Croatie, Serbie, Suisse, Grèce, Autriche, Norvège, Suède, Hollande, Biélorussie, Angleterre, Ecosse, Brésil, Etats-Unis, Canada, Afrique du Sud, Indonésie, Nouvelle-Zélande, Australie et Allemagne. Il y a 160 tatoueurs parmi les artistes qui ont participé. Les 5 restants viennent du dessin animé, de la peinture. Cet enthousiasme peut s’expliquer par l’effet intergénérationnel de la vie musicale de Mr. Ian Fraser Kilmister, aka Lemmy.
En parlant de générations, les jeunes ont-ils été aussi enthousiastes que les anciens ?
J’ai été assez surpris par la ferveur avec laquelle se sont impliqués beaucoup des jeunes artistes invités.
Pourquoi Lemmy était-il aussi fascinant selon toi ? A cause de la force et de l’agressivité de sa musique ?
Je ne vois pas personnellement beaucoup d’agressivité ni de force dans la musique que jouait Lemmy. J’ai grandi dans un environnement musical plus dur que Motörhead mais la musique de Lemmy m’a toujours touché, parce qu’elle était directe. Il y a toujours eu aussi beaucoup de sagesse et de street-credibility dans ses paroles. Et puis sa façon de jouer de la basse a toujours impressionné et influencé le musicien de Punk HC que j’étais.
Comment as-tu choisi les tatoueurs ?
Je les ai sélectionnés dans ma liste personnelle d’amis. Des amis que j’ai rencontrés au cours de ma longue expérience dans le métier, aux quatre coins du monde. Au cours de mes 34 ans à tatouer, j’en ai passé huit à voyager. J’ai reçu chez moi en guests, dans mon studio de Fort Notch, plus de 60 artistes venus du monde entier. En janvier 2019, j’ai envoyé 400 invitations -toutes accompagnées d’un mot écrit de ma main- à ceux qui composent la communauté du tatouage que je connais.
Lemmy avait des tatouages, as-tu contacté ses tatoueurs ?
J’ai bien écrit à Henk (Schiffmacher , d’Amsterdam), mais il n’a pas répondu. Kat von D je ne la connais pas. Je n’avais pas de raison de la contacter… Je fais partie d’une génération pour qui le tatouage était connu avant qu’il ne soit télévisé.
Quels genres d‘œuvres as-tu reçus ?
Leur variété relève du jamais vu. Je pense qu’il est difficile de déterminer laquelle est la plus étrange, la plus forte, la plus grande ou encore la plus scandaleuse. Mais pendant tout le temps que j’ai passé à les réceptionner, en les découvrant je me suis senti comme un enfant ouvrant ses cadeaux de Noël. Il y a des peintures classiques, faites selon des techniques courantes chez les tatoueurs, comme l‘encre et la peinture acrylique ou à l’huile sur papier épais, mais aussi de la peinture en plusieurs couches sur epoxy… En fin de compte, il y a à peu près tout ce qu’il est possible d’utiliser pour la réalisation d’une œuvre.
As-tu été particulièrement marqué par certaines de ces œuvres ?
Beaucoup des propositions faites par des femmes m’ont ébloui. J’ai été touché par l’amour présent dans les œuvres d’artistes Camilla Croft (Australie) ou encore Astrid Köpfler (Allemagne). La proposition de l’artiste Marode (Würzburg) en epoxy est absolument époustouflante et intelligente.
Quelles sont les histoires derrière toutes ces œuvres, ces dessins, etc. ?
Martin Radtke, un artiste de Lindau en Allemagne, a soumis une superbe peinture à l’huile. Pendant le vernissage, qui a eu lieu le 7 Décembre dernier, Martin était là et il m’a dit avoir vu Motörhead 42 fois quand il était jeune. Plusieurs fois, il avait eu l’occasion de faire la fête avec Lemmy, de passer des heures avec lui, monter dans son bus de tournée qui a ensuite pris soin de faire un détour pour le faire descendre à Francfort… Martin a partagé de nombreuses histoires ce soir-là sur ces soirées avec Lemmy, et j’ai été vraiment touché par la modestie qu’il a manifestée. Les histoires derrières ces œuvres pourraient remplir des cahiers entiers !
A regarder leurs œuvres, quel Lemmy leurs auteurs aimaient-ils le plus ?
C’est difficile à dire… Il y a une œuvre intitulée « Pas de voix dans le ciel » par Hans Sures, un peintre de Londres, qui semble être une véritable machine à séduire les femmes ! Quand elles la voient à l’expo, toutes en tombent immédiatement amoureuses.
Quels sont vos albums préférés de la discographie de Lemmy ?
J’aime tout spécialement les deux premiers albums avec Phil et Eddie. Ils formaient alors un trio très concis. Et puis l’album « No sleep till Hammersmith », joué très fort, est toujours une œuvre d’une coolitude indépassable, un véritable mur de son.
Peux-tu nous parler du lieu relativement insolite où a lieu l’exposition : Fort Notch ?
L’exposition a lieu dans mon salon. Je vis dans un ancien bâtiment qui servait à l’exploitation du charbon, dans la région industrielle allemande de la Ruhr. J’ai acheté cette maison il y a 28 ans, elle est située dans la ville où je suis né à Marl, où j’ai aussi ouvert mon studio de tatouage : Top Notch Tattooing en 1989. En 2013 j’ai déplacé mon studio dans un nouveau bâtiment à l’arrière de ma propriété. La surface totale occupée par Fort Notch est d’environ 1000m2 et contient plusieurs bâtiments, ateliers, mon studio de tatouage. Ainsi que la Galerie du Salon. L’exposition est ouverte jusqu’au 2 Février 2020 à Fort Notch, Heyerhoffstr.11a, 45770 Marl in Germany. https://www.top-notch.org https://www.instagram.com/fortnotch/