Depuis plusieurs années, les tatoueurs japonais Horiyoshi III et américain Jess Yen aiment à se retrouver tous les ans à l’occasion d’une exposition commune organisée à Tokyo. Intitulée « Korouten », celle-ci est l’occasion pour les deux professionnels de montrer l’étendue de leur talent sur des supports autres que la peau. Dernier rendez-vous en date, le volet 2019 s’est déroulé du 5 au 11 Novembre dernier dans un contexte familial.
Après avoir exposé plusieurs années dans le quartier d’Omotesandô, c’est dans la bouillonnante Shibuya, à l’Art Gallery Dougenzaka, que les deux artistes ont installé leur événement. Une galerie, deux espaces : à gauche Jess Yen, à droite Horiyoshi III. L’Américain présentait un ensemble de dessins réalisés au crayon et au feutre. Ces dessins, à l’origine des esquisses préparatoires pour des projets de tatouage, repris une fois tatoués et achevés avant d’être exposés ici, illustraient une nouvelle fois sa maîtrise du répertoire de l’iconographie japonaise (dragon, carpes, mais aussi des squelettes guerriers). Ceux-ci côtoyaient les oeuvres de quatre membres de sa famille : Lucy Hu, Horishin, Horitran, Man Yao et Duy Nguyen. Invités pour l’occasion, tous ont des origines asiatiques différentes et leurs peintures grand format ont été l’occasion de les mettre en avant, avec des références à des contes du folklore vietnamiens, chinois, etc.
Installée de l’autre côté, la famille Horiyoshi III était dignement représentée par le maître de Yokohama et son fils Soryou. Celui-ci présentait ainsi sa première toile, un dragon à l’encre noire dont l’allure faisait honneur à ceux bien connus réalisés par son père. Celui-ci poursuit depuis maintenant 6 ans un impressionnant travail d’appréhension de la peinture sur soie. Les grands formats verticaux présentés (kakejiku) témoignaient du niveau de maîtrise atteint par le maître. Celui-ci s’est fait au prix d’un acharnement qui force le respect (Horiyoshi explique ainsi travailler tous les jours, se lever à 6h tous les matins, peindre deux heures, avant de se consacrer au tatouage puis, en fin de journée, revenir à ses toiles pour quelques heures d’étude supplémentaires). Si les sujets reprennent l’iconographie du tatouage (avec tigre, dragon, serpent, namazu, etc.), ils s’inscrivent dans des ambiances vaporeuses et oniriques parfaitement rendues par le travail au pinceau et à l’encre. Celui-ci permet de belles nuances apportant volupté et subtilité aux œuvres du maître. Celui-ci en a profité pour aussi explorer les formats. Il présentait ainsi son premier diptyque, superbe, mettant en scène le combat d’un dragon et d’un tigre. L’une des oeuvres les plus chères du maître exposées dans la galerie, pour laquelle il faudra débourser plus de 8000 euros. Vous pouvez suivre le développement du projet Korouten sur le compte Instagram spécialement créé : @korouten.jp