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Xuama

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INTERVIEW XUAMA

@pascalbagot

Originaire d’Aviles, sur la côte nord espagnole, Juan Manuel García Fernandez - aka Xuama, 46 ans – est non seulement un artiste accompli du style new school mais aussi un entrepreneur à succès. Aujourd’hui à la tête de plusieurs studios, ce pionnier revient pour Inkers sur son parcours commencé il y a de cela 26 ans.

Un bon tatoueur est d’abord un bon dessinateur, c’est quelque chose que tu as toujours pratiqué ?

Oui, j’ai toujours dessiné, depuis que je suis enfant. Très jeune j’étais aussi bien attiré par le dessin que par tout ce qui était lié à la décoration corporelle, la peinture, l'art, etc. C'est également à un très jeune âge que j'ai commencé à me sentir attiré par les tatouages et les personnes qui les portaient. Mais tout commence véritablement avec la culture du skate et du surf. Puis viennent la musique, le cinéma et tout l'art alternatif de la fin des années 80 et du début des années 90. Les graphismes des skateboards, les couvertures d'albums, les bandes dessinées, les graffitis... tout cela a été source d’influences quand j’ai commencé. Et cela continue encore aujourd’hui.

À quel moment considères-tu le tatouage comme une option pour toi ?

Je ne peux pas dire le moment exact où le monde des tatouages est entré dans ma vie mais je me souviens que vers 1992 j’ai commencé à penser à la possibilité de faire du tatouage. Dans ma tête c’était une idée, quelque chose d'amusant et loin dans le futur. Dans ces années-là, le tatouage n'était pas encore bien vu et c'était fou de penser à un studio. C'était cependant déjà quelque chose de palpable et je me suis laissé emporter par la passion que je ressentais à l'idée de devenir professionnel.

Dans quel style te reconnais-tu aujourd'hui ?

Après tant d'années, j'ai fait toutes sortes de tatouages. Au fil du temps, j'ai affiné mon style jusqu'à ce que je trouve celui avec lequel je me sens le plus à l'aise : le Newschool. Bien qu'au sein de ce style on puisse trouver une infinité de variations, dans mon cas il est très influencé par les bandes dessinées et les illustrations. Mes sujets sont très variés et aujourd'hui, je suis constamment à la recherche de nouvelles tendances qui me permettent de continuer à améliorer et perfectionner mon style personnel. Autrefois, ce n'était pas si facile ou à portée de main, car lorsque j'ai commencé à tatouer, il n'y avait pas d'internet (ce commentaire pourrait me faire paraître trop vieux). Aujourd'hui, les références sont infinies.

Internet est aussi un outil à double tranchant. Comment t’y prends-tu pour ne pas te perdre dans cet océan de possibilités ?

Il est vrai que les références sont à la portée de tous et que de nos jours nous avons à portée de main la possibilité de chercher et de trouver presque tout ce que l'on veut, ce qui facilite le travail. Mais, malgré tout, savoir dessiner et utiliser ces influences pour créer son propre style est ce qu’il est nécessaire de faire.

Pour continuer à faire évoluer ton style personnel, tu te formes ?

La formation d’un tatoueur est continue car c'est un monde qui se développe rapidement. Il y a toujours des améliorations, de meilleures machines, de meilleures aiguilles... et même s'il n'y a pas de formation officielle aujourd'hui, il faut se tenir au courant de ces dernières évolutions. Je ne participe pas aux cours, mais je les donne. Ma formation consiste à être en contact avec des professionnels du secteur et à me tenir au courant de toutes les innovations, aussi bien sur le plan artistique (dessin, impression, médias numériques pour le design...) que sur le plan mécanique (machines, aiguilles, polices...).

Quels sont les progrès les plus significatifs selon toi en terme de matériel depuis que tu as commencé?

Tout a changé ! Les machines, les tablettes, les matériaux que nous utilisons dans le processus de tatouage, les encres, les aiguilles, les crèmes, etc... Je pense que tout s'améliore. C'est bon pour le secteur et, en fin de compte, ça l’est pour tout le monde.

Quelle satisfaction retires-tu à tatouer ?

Cela me fait énormément plaisir. Chaque fois que je tatoue, je me sens toujours privilégié et je suis toujours très motivé. Le fait que des gens mettent leur corps entre mes mains pour montrer mon art c'est… incroyable !

Quand il faut aborder un nouveau projet tattoo, dans quel état d’esprit es-tu?

Je ne suis pas stressé, bien au contraire, c'est passionnant et gratifiant. Chaque nouveau projet est une motivation pour laquelle je prends le temps de beaucoup réfléchir avant de m'attaquer au design. Lorsque je commence à dessiner mon idée est déjà claire et il ne reste plus qu'à donner forme au dessin, à trouver un moyen de l'adapter au corps. Il est vrai que, même si j'ai une idée résolue de ce que je vais concevoir, je garde un peu de place à l'improvisation, en me laissant porter par ce que je ressens et ce dont le client a besoin à ce moment-là.

Comment procèdes-tu avec tes clients pour aborder un projet ?

Le client est celui qui propose l'idée initiale et, bien que cette idée ne soit pas toujours réalisable, tout passe par une entente qui nous permet de trouver un compromis, d’atteindre le juste milieu entre ce qu'il veut représenter par ce tatouage (sentiments, souvenirs, forces, faiblesses...) et ce que je pense, en tant que professionnel, être le plus beau. Généralement, je demande aux clients de me fournir leurs idées avec des images comme références. Mais ce ne sont que des références. Parfois, ce sont des illustrations qui peuvent m'inspirer pour réaliser le dessin, mais la plupart du temps, elles ne font référence qu'à leurs sentiments. Le dessin doit sortir à 100% de ma tête.

Tu es professionnel depuis 26 ans, quel est le secret pour un tatoueur quand il veut durer ?

Se tenir informé, aussi bien sur le plan technique que sur le plan créatif. Essayer de se tenir au courant des activités des autres artistes, et continuer à s’améliorer chaque jour avec chaque TATOUAGE. + IG : @xuama www.xuama.es