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Interview LEHEL

@pascalbagot

Du design graphique au tatouage il n’y a qu’un pas, franchi sans trop de difficultés il y a plus de dix ans par Lehel Nyeste. Le jeune Hongrois de 32 ans se concentre depuis sur un style new-school techniquement impeccable, entre autres disciplines artistiques analogiques.

Tu nous parles un peu des références graphiques avec lesquelles tu as grandi ?

Je regardais des dessins animés quand j'étais jeune et je me suis mis naturellement au dessin. Puis, à l'adolescence, tout un tas d’influences sont entrées dans ma vie. J'ai ainsi écouté beaucoup de musique rap, du rock, regardé des clips vidéo, pratiqué des sports extrêmes et fait du graffiti. Je pense que tous ces univers ont construit en quelque sorte ma vision.

Tu as d’autres influences ?

Je suis bien sûr inspiré par d'autres tatoueurs, des peintres, des expositions que j’ai vues mais aussi par les voyages que j’ai faits. Rencontrer des gens avec une pensée différente aide à construire et développer son univers.

Avant de tatouer tu as étudié le design graphique, comment utilises-tu ces compétences aujourd’hui ?

J'ai étudié le design graphique pendant deux ans, donc je peux surtout utiliser mes compétences pour faire de l'art numérique, des impressions, des autocollants, etc. Mais avant l'ère de l'IPad, savoir utiliser Photoshop était aussi une bonne chose :)

Quelle satisfaction as-tu éprouvé à revenir à un métier « analogique » ?J'ai toujours beaucoup dessiné et fait de la peinture avec des crayons, du papier, des pinceaux. Pour moi, c'était tout simplement normal de créer de cette manière. Donc quand j'ai commencé le tatouage c'était fou de pouvoir faire quelque chose sur une autre surface comme la peau.

De plus en plus de tatoueurs viennent d'écoles de graphisme et d'art, est-ce quelque chose que tu observes aussi autour de toi ?

C'est exact. Ces personnes ont déjà certaines connaissances en matière de dessin, de composition et de créativité. Si quelqu'un a assez de talent mais aussi de motivation, alors il peut facilement adapter son style au tatouage. Pourquoi pas ? La seule chose importante à garder en tête pour devenir un vrai professionnel est de ne pas rater les étapes techniques.

Lorsque tu as commencé en 2009, quel était le regard de la société sur le tatouage et comment se sont déroulées tes premières années en tant que tatoueur ?

C'était il n'y a pas si longtemps, mais c'était différent. Je veux dire qu'à cette époque les tatouages connaissaient déjà une popularité croissante, mais on ne voyait pas autant de gens avec des manches aussi bien faites qu’aujourd'hui. Il n'y avait pas beaucoup de tatoueurs spécialisés dans un style précis. Ma première année de tatouage s’est faite en apprentissage, dans le studio où j'ai étudié. Je suis ensuite devenu tatoueur en faisant tous les styles. C’est devenu ma routine, j’apprenais les différentes techniques. Je dessinais beaucoup à la maison et faisais des dessins personnalisés pour mes amis. C'était un moment génial, merci à tous ceux qui en ont fait partie.

Ton travail se distingue par l'excellente lisibilité de tes tatouages, c’est un aspect sur lequel tu as toujours été attentif ?

Il est vraiment important pour moi de voir ce qui se passe sur la peau, c'est pourquoi j'essaie toujours de mettre le dessin dans sa taille la plus grande par rapport à la surface. Cela me laisse alors suffisamment d'espace pour faire les détails et créer un joli dégradé.

Tes aplats de couleurs sont également très soignés.

C'est toujours une question difficile mais pour moi c'est normal de faire le plus propre possible. Je n'ai pas fait de tricks particuliers, J’essaie juste de remplir toute la peau de pigments et surtout, je prends le temps, je ne suis jamais pressé, c'est simplement beaucoup de pratique. Il faut trouver les aiguilles, les machines et les configurations qui fonctionnent le mieux pour soi-même.

Les clients sont aujourd’hui plus avertis et exigeants, la concurrence est aussi plus forte. Comment vis-tu cette relative pression ?

C'est difficile, c'est certain, mais d'un autre côté, c'est aussi agréable de maintenir son niveau et d'être motivé. Lorsque j'ai un client avec une collection impressionnante de tatouages, cela me rend plus nerveux mais je fais de mon mieux. C'est la seule chose que je puisse faire.

Le burn-out est un risque à surveiller dans ce métier ?

Je pense que c'est un risque important pour de nombreuses raisons. Par exemple, certaines personnes travaillent trop puis perdent leur intérêt pour la création. En ce qui me concerne, j’essaie de me ressourcer en faisant des pauses, en prenant des vacances et en trouvant de nouveaux objectifs à atteindre. Par contre, je pense que la "pression" des médias sociaux est particulièrement néfaste et n'aide pas du tout, car elle peut nous amener à croire que nous ne sommes pas assez bons.

Bandes dessinées, jeux vidéo, cinéma, musique... as-tu des œuvres cultes dont tu aimerais nous parler?

Les tatouages d'anime sont particulièrement populaires de nos jours. De mon côté, je préfère un style graphique plus ancien, comme celui par exemple du film « Akira » (adaptation du célèbre manga japonais de Katsushiro Otomo) ou de Vampire Hunter D. Mais même si tous les personnages existent déjà, je préfère toujours faire quelque chose de personnalisé. D'ailleurs, mes pièces préférées sont toujours celles qui sont entièrement basées sur un thème ou un motif réalisés à main levée.

Tu peins également des murs, le graffiti c’est quelque chose que tu fais depuis longtemps ?

Oui, absolument, j'ai toujours été intéressé par les murs peints mais c’est au lycée que je m'y suis mis un peu plus sérieusement. Plus tard, lorsque j'ai commencé à tatouer, j'ai changé d'avis et je me suis davantage concentré sur la réalisation de personnages, notamment des animaux ou des crânes. Si j'ai le temps, j'en fais encore, je rencontre mes amis et je profite de l'air frais. + IG : @lehelperspektiv Eisenherz Tattoo und Piercing Magdebourg Breiter Weg 13 39104 Magdebourg Allemagne IG : @eisenherztattoopiercing